mardi 9 août 2016

Une mère désemparée se confie: «Mon enfant a deux sexes»

Louga: Siby, âgé de 20 mois, est atteint d’hermaphrodite. Sa famille, dans une extrême pauvreté, peine à prendre en charge ses frais médicaux. Sa mère, désemparée, en appelle à la solidarité des bonnes volontés.
photo: magicmaman
Tenant entre ses mains une poupée confectionnée à l’aide de morceaux de tissus, M. Siby, un chérubin de 20 mois, gambade tranquillement dans la grande cour de la maison familiale, sise au quartier Grand Louga, en compagnie de ses camarades de même âge. Faisant fi du soleil qui dardait impitoyablement ses rayons sur tout Louga, il court à gauche et à droite, affairé à rattraper «son adversaire» qui venait de lui chiper son jouet. Cependant, au moment où le garçonnet ( ?), tout jovial, chantait, riait et dansait, sa mère, elle, consciente de la maladie dont il (?) souffre, reste pensive. Elle a quitté le domicile conjugal sis au village de Thoumadé 1, commune rurale de Nger Malal, pour rejoindre ses parents à Louga où son fils bisexué suit des traitements médicaux. 
Avachie sur un matelas posé à même le sol, la jeune dame rongée par le chagrin, depuis la naissance de son 3e enfant, cherche à sauver les apparences. Même si sa mine défaite la trahit. Après une petite hésitation, elle débite, fataliste : «Mon enfant a deux sexes différents (mâle et féminin). Mes pensées vont aux femmes inculpées pour infanticide et condamnées à de lourdes peines.» 
Cette révélation faite, Mbéne Ndiaye a les coudées franches pour aborder sans réserve la maladie de son fils. Elle confie : «Mon fils, âgé de 20 mois, est atteint de la maladie d’hermaphrodite. Il a un sexe mâle et un sexe féminin. J’ai appris sa maladie le jour de mon accouchement au centre médical de Louga. Quand j’ai demandé à la sage-femme le sexe de mon bébé, elle a quitté la salle, pour éviter de me répondre. Au début, je pensais qu’elle était fâchée contre moi. Finalement, j’ai commencé à avoir des appréhensions, quand j’ai remarqué que tous les médecins s’étaient regroupés dans une salle. Je me disais que mon nouveau-né avait peut-être une malformation. 
J’ai insisté, la sage-femme est restée imperturbable. C’est ma belle-sœur qui m’assistait qui m’a révélée que l’enfant a deux sexes. C’est comme si le monde s’effondrait. J’ai pleuré comme une madeleine, après en avoir fait le constat. Cependant, avec le conseil des médecins qui m’avaient assuré que cette maladie est curable, j’ai gardé espoir». L’équation du nom de l’enfant Toujours, d’après Mbéne Guéye, sa belle-famille, établie à Thioumadé 1, impatiente de la venue au monde d’un des leurs, a vite déchanté, en apprenant que le nouveau-né est hermaphrodite. Et elle n’était pas au bout de ses peines, le nom à donner au bébé étant une équation des plus compliquées. «Les avis étaient partagés. Ainsi, après de larges concertations et comme les traits masculins dominent sur ceux féminins, mon mari lui a choisi un nom masculin». 
Le casse-tête des frais médicaux 
Depuis la naissance du bébé, il y a 20 mois, Mbéne Guéye et son mari ont mobilisé toutes leurs ressources pour des frais médicaux. «15 jours après sa naissance, quand je l’ai amené à l’hôpital régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga, les médecins m’avaient demandé d’attendre qu’il ait au moins un an, qu’ils puissent déterminer le sexe dominant et pouvoir faire une ablation de l’autre. C’est pourquoi, dès que l’enfant a atteint cet âge, j’ai entamé les démarches. Récemment, il a fait des analyses à l’Institut Pasteur. Demain (aujourd’hui jeudi), j’y retournerai pour les résultats. Cependant, les analyses sont onéreuses. Mon mari, ancien émigré, avait les moyens, mais malheureusement, victime d’une méchante maladie, il a dû brader ses deux maisons de Dakar et Louga. Nous sommes donc démunis et peinons à nous affranchir des charges médicales liées à la bisexualité de notre enfant. Ainsi, j’en appelle à la solidarité de toutes les bonnes volontés.» Vivement que cet appel soit entendu ! 
Source: L'OBS

jeudi 21 avril 2016

Yaoundé : le poulet congelé refait surface

En dépit de la volonté du gouvernement d’éradiquer l’importation de la volaille congelée, la corruption et la porosité des frontières continuent à faire perdurer la contrebande, au détriment du poulet camerounais.
L’on se souvient que la volaille importée a, le temps d’un souffle, été absente des étals, sous l’action conjuguée du gouvernement et de l’Association Citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic), de Bernard Djongang. Malheureusement, le poulet congelé refait surface. L’enthousiasme lié à l’interdiction de son importation au Cameroun, survenue en 2006, laisse progressivement place à l’inquiétude chez les producteurs locaux. Rien que pour le mois de novembre 2015, plusieurs tonnes de volaille en provenance de la frontière sud du pays ont été saisies à l’entrée de la ville de Yaoundé, sous l’instigation de la Brigade de contrôle et de répression des fraudes du ministère du Commerce. Cette opération qui est intervenue quelques semaines après celle ayant conduit à la saisie et la destruction d’une cargaison de poulet congelé à Douala, vient corroborer les informations persistances faisant état du retour en force de la volaille importée. D’après des informations obtenues auprès de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic), au cours du mois de novembre 2015, près de 25 tonnes de découpes de poulet congelé (Cuisses, ailes, pattes, gésiers), ont été saisies, au moment où les propriétaires s’apprêtaient à les écouler sur les différents marchés du pays.



Complicité
Pourtant, l’usager qui emprunte la Nationale numéro 2, partant de la ville de Kyé-Osi pour Yaoundé, est stupéfait de constater la présence de, pas moins de 17 postes de contrôle, constitués entre autres de la Douane, la Police, la Gendarmerie, sans oublier le personnel phytosanitaire du ministère des Pêches et Industries animales (Minepia). D’après nos sources, la persistance de l’importation du poulet congelé au Cameroun, se justifie par une collusion entre les personnels des check-points et les contrebandiers à coup de liasses. En réalité, pour passer entre les mailles du filet, les contrebandiers glissent des pots de vins aux autorités, moyennant leur silence. 

L’économie plombée 
L’interdiction d’importer la volaille congelée au Cameroun, fut considérée par les producteurs locaux comme une bouffée d’oxygène. Cette activité, constitue en effet un frein à l’économie nationale, quand on sait que le pays s’est lancé depuis 2010, vers une dynamique d’émergence escomptée à l’horizon 2035. Selon Jean Claude Fouda Ottou, secrétaire permanent de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic) : « En 2013, des producteurs de poussins d’un jour, plus connus sous la dénomination technique d’accouveurs, ont dû, en 10 jours, détruire 260 000 poussins. Cette destruction de poussins visait à éviter des charges supplémentaires de nutrition, à cause du ralentissement d’activité observé chez les fermiers locaux, dont plusieurs ont dû jeter l’éponge à cause de l’envahissement du marché par le poulet congelé importé ».

A en croire ce responsable de l’Ipavic, si l’on considère que chaque poussin est vendu aux fermiers à 400 francs CFA, cela représente une perte sèche de 104 millions de francs CFA pour l’ensemble des accouveurs, rien que pour ce cas. Le retour en force du poulet congelé au Cameroun, laisse donc pantois les producteurs locaux, qui ne savent plus à quel saint se vouer. En attendant que des mesures fortes soient prises dans l’optique de parvenir à une solution, « zéro poulet congelé dans nos marchés », cette denrée alimentaire continue d’aiguiser les papilles gustatives, malgré de multiples risques sanitaires qu’encourent les consommateurs. Il est donc temps de de réapproprier la consommation du « Made in Cameroon », ce d’autant plus que le label est bien prisé ailleurs.

Charles Ndjana, Yaoundé

dimanche 17 avril 2016

Plus d'un milliard de personnes dans le monde présente un handicap

Plus d’un milliard de personnes, c’est-à-dire environ 15% de la population mondiale, présentent une forme ou une autre de handicap. Entre 110 et 190 millions de personnes adultes ont des difficultés importantes sur le plan fonctionnel. La fréquence du handicap augmente en raison du vieillissement de la population et de l’augmentation des maladies chroniques, entre autres causes. Les handicapés ont moins accès aux services de santé et ont donc des besoins en soins de santé qui ne sont pas satisfaits. 




La Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé définit le handicap comme un terme générique pour les déficiences, les limitations de l’activité et restrictions à la participation. Le handicap est l’interaction entre des sujets présentant une affection médicale (paralysie cérébrale, syndrome de Down ou dépression) et des facteurs personnels et environnementaux (par exemple attitudes négatives, moyens de transport et bâtiments publics inaccessibles, et soutiens sociaux limités). On estime que plus d’un milliard de personnes vivent avec une forme ou une autre de handicap. Cela représente environ 15% de la population mondiale. Entre 110 millions (2,2%) et 190 millions (3,8%) de personnes âgées de plus de 15 ans présentent des difficultés fonctionnelles importantes. En outre, la fréquence du handicap est en partie majorée du fait de populations vieillissantes et de l’augmentation des maladies chroniques. Le handicap est extrêmement divers. Si certaines affections associées au handicap entraînent une santé fragile et des besoins de soins de santé importants, d’autres non. Mais tous les handicapés ont les mêmes besoins de soins de santé généraux que tout un chacun, et doivent donc avoir accès aux services de soins de santé courants. L’article 25 de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées renforce les droits de ces dernières afin qu’elles atteignent la qualité de soins la plus élevée sans discrimination. Les handicapés indiquent rechercher davantage de soins de santé que les autres et avoir davantage de besoins non satisfaits. Par exemple, une enquête récente portant sur les personnes ayant des troubles mentaux importants a montré qu’entre 35% et 50% d’entre elles dans les pays développés et entre 76% et 85% d’entre elles dans les pays en développement n’ont reçu aucun traitement au cours de l’année précédant l’enquête. La promotion de la santé et les activités de prévention visent rarement les handicapés. Par exemple, les femmes handicapées ont moins de dépistage du cancer du sein et du cancer du col utérin que les autres. Les personnes qui souffrent de déficits intellectuels et de diabète sont moins susceptibles d’être soumises à des vérifications de leur poids. Les adolescents et les adultes handicapés sont davantage susceptibles d’être exclus des programmes d’éducation sexuelle.


Les handicapés sont particulièrement vulnérables aux carences des services de soins de santé. Selon le groupe et l’endroit où elles se trouvent, les personnes handicapées peuvent être plus vulnérables à des affections secondaires, à des comorbidités, aux affections liées à l’âge, à des comportements à risque, et ont des pourcentages de décès prématurés plus élevés. Les affections secondaires se produisent en plus d’un problème de santé existant (et y sont liées) et sont à la fois prévisibles et évitables. On peut citer par exemple les escarres, les infections des voies urinaires, l’ostéoporose et la douleur. La comorbidité fait référence aux affections qui se développent en plus d’une affection primaire associée au handicap (et sans lien avec elle). Par exemple, la prévalence du diabète chez les schizophrènes est d’environ 15%, contre 2% à 3% dans la population générale. Le processus de vieillissement de certains groupes de handicapés commence plus tôt que la normale. Par exemple, certaines personnes qui souffrent d’incapacités du développement montrent des signes de vieillissement prématuré au cours de la quarantaine ou de la cinquantaine. Certaines études ont indiqué que les handicapés ont des taux de comportement à risque plus élevés : tabagisme, mauvaise hygiène alimentaire et inactivité physique.


Taux de décès prématurés plus élevés Les taux de mortalité des handicapés varient en fonction de l’affection. Mais une étude réalisée au Royaume-Uni a permis de constater que les personnes souffrant de troubles mentaux et de déficits intellectuels ont une espérance de vie inférieure. Les handicapés rencontrent toute une série d’obstacles lorsqu’ils essaient d’accéder aux soins de santé, à savoir: Des coûts prohibitifs. L’accessibilité économique des services de santé et celle du transport sont les deux principales raisons qui font que les handicapés ne reçoivent pas les soins de santé nécessaires dans les pays à revenu faible – 32% à 33% des non-handicapés n’ont pas les moyens de s’offrir des soins de santé, contre 51% à 53% des handicapés. Offre limitée des services. Le manque de services appropriés pour les handicapés est un obstacle important aux soins qui les concernent. Par exemple, une recherche menée dans les États de l’Uttar Pradesh et du Tamil Nadu en Inde a permis de constater qu’après le coût, le manque de services dans ces zones était le deuxième obstacle le plus important à l’utilisation des centres de santé. Obstacles physiques. L’inaccessibilité des bâtiments (hôpitaux, centres de santé), du matériel médical, une mauvaise signalisation, l’étroitesse des encadrements de portes, la présence de marches à l’intérieur du bâtiment, des installations sanitaires inadaptées et l’inaccessibilité des parkings créent des obstacles pour se rendre dans les centres de soins de santé. Par exemple, les femmes à mobilité réduite ne sont souvent pas en mesure d’avoir accès au dépistage du cancer du sein et du cancer du col utérin parce que la hauteur des tables d’examen n’est pas adaptable et que le matériel de mammographie n’est prévu que pour les femmes qui peuvent se tenir debout. Centre des médias Centre des médias Informations Événements Aide-mémoire Commentaires Reportages Multimédia Contacts Handicap et santé Aide-mémoire N°352 Décembre 2015


Besoins en soins de santé non satisfaits Les handicapés indiquent rechercher davantage de soins de santé que les autres et avoir davantage de besoins non satisfaits. Par exemple, une enquête récente portant sur les personnes ayant des troubles mentaux importants a montré qu’entre 35% et 50% d’entre elles dans les pays développés et entre 76% et 85% d’entre elles dans les pays en développement n’ont reçu aucun traitement au cours de l’année précédant l’enquête. Les handicapés sont deux fois plus nombreux à signaler qu’ils ont trouvé insuffisantes les compétences des prestataires de soins de santé pour répondre à leurs besoins, quatre fois plus nombreux à signaler avoir été maltraités et presque trois fois plus nombreux à signaler s’être vu refuser des soins.


Les gouvernements peuvent améliorer la situation sanitaire des handicapés en améliorant l’accès à des services de santé de qualité, d’un coût abordable, faisant le meilleur usage possible des ressources disponibles. Comme plusieurs facteurs interagissent pour empêcher l’accès aux soins de santé, des réformes sont nécessaires dans toutes les composantes du système de soins de santé qui interagissent. Évaluer les politiques et services existants, recenser les priorités pour réduire les inégalités de santé et prévoir des améliorations au niveau de l’accès et de l’inclusion. Procéder aux modifications nécessaires pour satisfaire à la Convention des Nations Unies. Fixer des normes de soins de santé pour les soins aux handicapés, assorties de mécanismes de contrôle de leur application. Là où l’assurance-maladie privée domine le financement des soins de santé, veiller à ce que les handicapés soient couverts et envisager des mesures pour rendre les primes abordables. Veiller à ce que les handicapés bénéficient en toute équité des programmes de soins de santé publique. Utiliser des mesures d’incitation financière pour encourager les prestataires de soins de santé à rendre les services accessibles et à fournir des évaluations, un traitement et un suivi complets. Étudier les possibilités de réduire ou d’éliminer les paiements directs pour les handicapés qui n’ont pas d’autre moyen de financer les services de soins de santé. Assurer toute une série de modifications et d’ajustements (raisonnables) pour faciliter l’accès aux services de soins de santé. Par exemple, en modifiant l’aménagement des dispensaires pour que les personnes à mobilité réduite puissent y avoir accès, ou en communiquant des informations sanitaires sous des formes accessibles, par exemple en Braille. Donner aux handicapés les moyens de maximiser leur santé en leur fournissant des informations, une formation et un soutien par des pairs. Promouvoir la réadaptation à assise communautaire pour faciliter l’accès des handicapés aux services existants. Identifier les groupes qui nécessitent d’autres modèles de prestation de services, par exemple des services ciblés ou une coordination des soins pour améliorer l’accès aux soins de santé.


Intégrer un enseignement sur le handicap dans le programme d’études et la formation continue de tous les professionnels de santé. Former des agents communautaires pour qu’ils puissent jouer un rôle dans les services de soins de santé préventifs. Fournir des lignes directrices reposant sur des bases factuelles pour l’évaluation et le traitement. Inclure les handicapés dans la surveillance des soins de santé. Mener davantage de recherche sur les besoins et les résultats sanitaires des handicapés, ainsi que les obstacles auxquels ils se heurtent. Pour pouvoir améliorer l’accès aux services de santé des handicapés, l’OMS: guide et soutient les États Membres afin de mieux les sensibiliser aux problèmes du handicap et agit en faveur de l’inclusion du handicap en tant que composante des politiques et programmes nationaux de santé; facilite la collecte des données et la diffusion des données et informations liées au handicap; développe des outils normatifs, notamment des lignes directrices pour renforcer les soins de santé; renforce les compétences des responsables de l’élaboration des politiques de santé et des prestataires de services; favorise l’extension de la réadaptation à assise communautaire; encourage les stratégies visant à faire en sorte que les handicapés connaissent bien leurs propres affections et à ce que le personnel de soins de santé soutienne et protège les droits et la dignité des handicapés.

Source: OMS